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Un hommage à Fernand Pouillon.

Samedi 10 mai a été inaugurée à l’Institut français d’Alger [IFA] une exposition itinérante qui rend hommage à l’architecte Fernand Pouillon. Cette rétrospective de son œuvre algérienne est conçue par l’architecte Myriam Maachi-Maïza, avec une mise en scène originale puisque les panneaux sont exposés dans la rue, sur les façades extérieures de l’Institut.

Le fil conducteur de l’exposition pourrait être la revendication d’une architecture méditerranéenne que Fernand Pouillon a savamment réalisée autant dans les cités de Diar es Saada, Diar El Mahçoul ou Climat de France que dans son architecture hôtelière où ses nombreux autres projets.

Par ailleurs, l’exposition met en exergue ce qui le distingue de ses pairs, plutôt iconoclastes et adeptes du Mouvement moderne. Chaque commande fut pour Fernand Pouillon, l’occasion de construire avec des matériaux traditionnels, de se référer aux modèles historiques sans toutefois négliger la modernité. « Je déplore la laideur des enduits, la couleur des bétons. Le siècle du ciment armé posait pour moi les problèmes de l’aspect, du revêtement, de la peau de l’édifice » Dixit l’architecte.

Le vernissage de l’exposition a été suivi d’une table ronde qui a réuni Gérard Ruhot, ancien entrepreneur, le commissaire de l’exposition et Mustapha Laribi que l’on ne présente plus, en tant que modérateur.

Devant un public nombreux Myriam Maachi-Maïza a présenté une rétrospective de l’œuvre algérienne de l’architecte richement illustrée de documents inédits, expliquant ce que les projets ont en commun : un savoir-faire indéniable en matière de composition, la qualité des espaces urbains, le langage architectural méditerranéen, l’utilisation de matériaux durables. Elle a décrit par ailleurs l’architecte comme un érudit qui aimait s’entourer d’artistes, écrivains, jardiniers, sculpteurs … qui ont œuvré sur tous ses chantiers et qui sont aussi à l’origine de la réussite de ses projets.

Quant à Gérard Ruhot, il a apporté, avec beaucoup d’humour, un précieux témoignage des années qu’il a passées, en tant qu’entrepreneur, au côté de Fernand Pouillon, évoquant sa générosité, son audace et sa capacité à faire face aux commandes pressentes de l’état algérien dans les années 1960-1970.

Lors du débat, le public a souhaité revenir avec les conférenciers sur le passé sombre de l’architecte. Un brin mégalomane, mais surtout victime de son audace, Fernand Pouillon a passé trois années en prison pour une affaire de malversation.

A la fin de la rencontre, un débat passionnant a animé la salle lors de l’évocation des transformations qui vont être entreprises sur le complexe de Sidi Fredj conçu par l’architecte. Le classement de toute son œuvre a été d’ailleurs suggéré afin de la préserver.

Par Asma Hadjilah – Architecte

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