Editorial (n°21 – Janvier 2015)
Par: Akli Amrouche
Soixante années se sont écoulées depuis le début de notre glorieuse révolution ; nous arrivons donc, normalement, à l’âge de la maturité, des bilans, du redémarrage, à la recherche de nouveaux horizons, de la remobilisation des ressources multiples que nous possédons, la jeunesse en particulier.
Sur les aspects des bilans, il faut reconnaître que beaucoup de choses ont été réalisées, notamment dans l’éducation, l’enseignement supérieur, les infrastructures de base, l’énergie, le transport, les ressources en eau, la culture, etc. Mais il faut reconnaître aussi que les insuffisances concernent tous les secteurs sans distinction. Les années noires n’ont rien arrangé, puisqu’elles sont responsables des grandes perturbations sociopolitiques et économiques qui menacent toujours la cohésion globale de la nation. L’une des principales répercussions de cette période sombre de notre histoire est l’exode rural massif qui a déteint fortement sur l’équilibre, déjà fragile, de nos villes et campagnes. Ce phénomène est mondial, il paraît que nous seronsbientôt six milliards à vivre dans les villes.
Les projections sont loin d’être optimistes : un nouvel ordre mondial semble se dessiner sous nos yeux sans que nous puissions réellement agir pour protéger nos intérêts. Les ressources pétrolière et gazière n’ont plus la cote, le gaz de schiste semble être un mirage, car non rentable et désastreux sur le plan environnemental, les guerres civiles menacent tous les pays arabes, des virus incurables déciment l’Afrique…. beaucoup de mauvaises nouvelles nous plombent le moral en ce début d’année. Que faire ?
Pour le célèbre Jeremy Rifkin, spécialiste américain de la prospective, le salut ne viendra que grâce à un nouveau monde apaisé, plus humain, plus solidaire, plus intelligent, qui exploitera au maximum les technologies avancées disponibles, notamment de l’internet et des sources d’énergies renouvelables. Ce dernier prévoit l’écroulement progressif du système capitaliste au profit d’une tendance mondiale qui se confirme, selon ses propos.
Rifkin, très écouté par les puissants de ce monde, nous assure qu’une 3e révolution industrielle est en route, elle permettra, selon lui, l’émergence, insidieuse mais certaine, de nouveaux réseaux (communaux collaboratifs) réticulaires, interconnectés, de partage, d’échange et de solidarité, autour de deux éléments : l’énergie et la logistique combinées aux nouveaux systèmes de communication (l’internet des objets). Selon lui, ce qui forme tout grand changement de paradigme économique est la réunion de trois technologies au même moment, et on y est ! Un nouveau moyen de communication pour organiser plus efficacement l’activité économique ; de nouvelles formes d’énergie permettant de gérer plus efficacement l’approvisionnement ; et de nouvelles formes de transport et de logistique afin de transporter plus efficacement les biens économiques.
Dans le numéro 18 de Vies de Villes,nous parlions, déjà, avec Mustapha Lounès, de l’internet physique appliquée à la logistique, et de plus en plus, les études et les prospectives abondent sur ces idées de relance de l’activité humaine sur de nouvelles bases prometteuses et respectueuses de nos conditions de vie. Cela promet de grands bouleversements en perspective, notamment dans les systèmes de gouvernance de tous les pays du monde. Gageons qu’il y aura des résistances farouches à cette façon de voir le monde de demain !
Où en sommes nous de tout cela, nous autres Algériens ? Tout cela nous paraît lointain n’est-ce pas ? Mais comme il s’agit d’idées pleines de bon sens, pourquoi ne pas y adhérer et à s’y engager ? A l’ère de l’internet de l’énergie, de l’internet physique, des SmartsCities, de l’agriculture urbaine, des réseaux de savoir et de partage, arrêtons-nous un instant, arrêtons surtout de perdre notre temps précieux à se partager honteusement la rente, les plans de charges, les ressources non renouvelables et donnons la priorité à notre richesse sociale et culturelle qu’on nous envie !Investissons sur l’intelligence et la créativité. Nous aussi nous méritons, 60 ans après, notre deuxième révolution, celle des mentalités.
Bonne lecture et bonne année 2015 !
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Merci M. Amrouche de tenter à chaque fois d’enrichir le débat avec de nouveaux sujets qui élargissent notre horizon.
Je souhaite aussi de tout cœur cette révolution des mentalités que vous appelez de vos vœux, c’est, il me semble le seul moyen efficace de sortir du laxisme et de l’opportunisme ambiants: en effet, les uns ne pensent qu’à leur portefeuille et les autres, ne veulent surtout pas risquer de perdre les avantages de leur petite vie tranquille….Alors quand va-t-on enfin comprendre que ni l’une, ni l’autre des attitudes n’est louable et qu’elles sont au fond les deux faces d’une même médaille?