La chronique

Des pôles urbains ? De Rachid Sidiboumedine

Récemment j’ai lu un article de journal qui faisait état de la déclaration d’un responsable de l’urbanisme qui vantait le rôle des pôles urbains , en cours ou projetés, dans le « rééquilibrage » des territoires (le pluriel est de moi) .Avant de vous dire quelles questions concrètes soulève pour moi ce thème, je vous dis ma surprise car cette thématique est du ressort, si je ne me trompe, du Ministère de l’Aménagement, qui en a proposé officiellement la distribution dans le temps et l’espace avec des fonctions explicites et un calendrier plus ou moins souple, dans le cadre du SNAT (Schéma National d’Aménagement du Territoire) qui a été suivi dans son élaboration et discussion par tous les ministères. Je voudrais moins soulever ici la question de la légitimité d’une telle déclaration, le ministère chargé de l’urbanisme ayant charge, depuis 2014, des villes nouvelles et de la politique de la ville, que celle du « contenu » de ces pôles, dans les pratiques publiques et de ses implications.

Il est convenu en effet, dans la littérature sur l’urbanisme, d’affecter la terminologie à des ensembles dont les missions sont généralement économiques, qui leur sont dévolues : pôle de compétitivité, d’excellence, cluster, district industriel, etc. Tout ce vocabulaire rentre dans le discours global qui, sans dire ses soubassements, le néolibéralisme (ultralibéralisme), entend cheviller (on peut dire aussi articuler) le développement urbain (des nouvelles fonctions de la bille) à un mode de développement (une certaine manière de faire la ville).

Ce sont donc, en général, des agrégats actifs, qui par leur contenu (activités économiques associés à des facteurs innovants comme la recherche et l’université) ont un rôle (de) moteur et de la transformation urbains.
Or, ce n’est pas le cas des pôles dont parle la presse et qui sont, le plus souvent des accumulations de programmes de logements, accompagnés juste (souvent pas du tout) des équipements de base (de proximité) au mieux et localisés relativement loin des centres de villes dont ils constituent des « redéploiements » supposés.

Ils peuvent aussi recevoir abusivement, comme le site de Ali Mendjeli, près de Constantine, le nom inapproprié de ville nouvelle, alors que cette appellation est strictement réservée à des ensembles complexes sous certaines conditions. Un projet de ville nouvelle (il n’y a pas encore de ville nouvelle en Algérie) suppose des conditions précises, sur lesquelles nous reviendrons. Il faudrait donc ,pour permettre d’y voir plus clair, cesser d’amalgamer des objets urbains si différents ,à contenu et fonctions différentes, de tailles différentes pour éviter des confusions préjudiciables entre ces trois catégories , et nous serons amenés à revenir , dan s d’autres chroniques sur les définitions applicables et les arrières plan s de l’usage de ce s notions.

Cependant aujourd’hui, nous voudrions attirer l’attention sur ce fait, qui deviennent une pratique systématique , qui consiste à « reloger » des citoyens dotés en général de revenus moyens si ce n’est faible, ou , comme le cas d’habitants de bidonvilles ou de quartiers populaires travaillent essentiellement dans l’informel , dans des activités où la présence en ville porteuse d’opportunités (effet dit d’aubaine)est indispensable.

Éloigner ces habitants des centres d’agglomération, c’est, certes leur donner un logement neuf (nous ne discuterons pas de sa qualité ici pour le moment), mais c’est les éloigner de leur milieu social (leur quartier), de leurs emplois, même précaires, leur imposer de dépenses et conditions de transport pénalisantes, éloigner leurs familles de équipements scolaire et universitaires etc.

C’est une série de déchirements sociaux et affectifs, de perte de revenu social (les services ) et économique que l’on doit compenser par la présence sur les nouveaux site ou a proximité d’un suréquipement et d’emplois faute de quoi , au lieu de réaliser « l’équité territoriale » qui est a un cœur des dispositifs et de l’esprit de l’aménagement du territoire conduit à l’inéquité, alors que le vocabulaire utilisé par ce cadre, affirme que les « pôles » y conduisent.
On commence d’ailleurs à avoir des exemples de populations urbaines qui refusent ces « relogements » délocalisés, car elles sont instruites par l’expérience des relogés précédents :l’ironie des choses (ou la cruauté de la vie) est que maintenant des gens manifestent pour ne pas être relogés alors qu’auparavant ils le faisaient pour être relogés. Où est l’erreur ?.

Tout ceci pour dire qu’amalgamer des objets différents sous le même terme est préjudiciable à la connaissance des faits et préjudiciable à la crédibilité de celui qui les utilise.
Tout ceci pour dire que les analyses et critiques des sciences sociales ne sont pas de la « philosophie », (terme générique utilisé pour déconsidérer et réfuter les opinions adverses ou les réserves) mais une mise à nu du réel, que ce soit pour la connaissance, l’action, ou le politique et que tout le monde devrait en tirer profit .

Rachid Sidiboumedine

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Commentaires

zeroual lotfi · avril 1, 06:38

la solution du problème serait peut être le maintien des structures existantes en les réhabilitant.
l’exemple de la cité des annassers, qui consiste a récupérer des logements afin de les agrandir et de proposer d’autres ,a l’autre partie, est a mon sens un bon exemple a suivre , du moins pour un début.
le courage politique d’offrir un toit a tous est une bonne chose cependant les populations et les ages sont différents
en faisant un calcul les logements (imposés) de type F3 de 60 M2 de surface peuvent accueillir jusqu’à 3 Studio de 20 M2 réunissant ainsi trois couches sociales a savoir les retraités , les jeunes couples et les étudiants cette formule peut être bénéfique a l’etat puisqu’il pourra louer ses espaces au lieu de les céder et de se retrouver dépassé cinq après par les mêmes familles déjà relogées!!!


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